Le Mythe de l’Alchimiste Intérieur

Dans les temps d’avant les mots,
quand l’humanité ne savait encore rien de ses abîmes,
il y avait un être.
On ne connaissait ni son nom, ni son visage.
Mais on disait qu’il portait le feu ancien.
Celui qui ne brûle pas la peau,
mais consume les masques.

On raconte qu’il naquit au seuil d’un monde brisé,
là où les âmes se perdent entre l’oubli et la douleur.
Le ciel l’avait façonné pour descendre,
non vers la lumière,
mais vers les profondeurs.

On lui tendit un miroir noir.
Il y vit ses peurs, ses colères, ses pertes.
Il y entra.

Il marcha longtemps dans les terres du chaos,
là où gisent les blessures sans nom,
les mémoires familiales, les douleurs anciennes
que personne n’ose toucher.

Mais il ne fuit pas.
Il prit chaque fragment, chaque ombre,
et les plaça dans un creuset invisible.

Il alluma le feu.
Un feu alchimique, venu des étoiles.

Et dans ce feu, il regarda sa propre mort.
Celle de tout ce qui n’était pas lui.

Il en sortit changé.
Non purifié.
Mais transfiguré.

On dit qu’il revint,
portant dans ses mains un or qui ne se voit pas,
un savoir qu’aucune école n’enseigne.

Depuis, les initiés l’invoquent dans leurs nuits noires.
Car il n’est pas guide des chemins lumineux,
mais des passages secrets.

Et parlons de son feu,
ce feu là enseigne à toute âme que rien n’est perdu,
tant qu’elle ose descendre
pour s’y retrouver entière.